Les vrais gains d’une bonne gestion du temps (et a contrario les coûts…)
Toute organisation peut facilement gagner au minimum de 6 402 à 9 860 euros par an et par collaborateur en choisissant de mieux gérer ses temps.
« Je suis débordé(e) !! », « Je n’ai pas le temps », « Je croule sous le travail », « Je ne gère que des urgences », « J’ai la nausée », « Je rentre de vacances et suis déjà épuisé(e) », « Je n’en peux plus », « Je suis vraiment stressé(e) »…
Ces témoignages, tous rencontrés encore récemment, reflètent la réalité que vivent la plupart des cadres et non-cadres dans les (grandes) entreprises.
Les raisons de ces ressentis et constats sont légions et connues : « réorganisations » permanentes (les entreprises qui utilisent encore cet élément de langage ne sont-elles pas encore devenues « agiles »… ?), transformations, changements…
On y trouve également des pesanteurs managériales, le confort de la routine (biais cognitif de facilité), le fait pour certains d’être rassurés par les réunionites (« Je brasse, donc je suis… ») au lieu d’opter pour leurs alternatives, Etc.
Le digital engendre également davantage de communication et donc de temps nécessaire devant y être consacré. Le digital ne se solde donc pas forcément par un gain de temps. D’autant que le temps d’adoption de nouveaux usages et outils, notamment collaboratifs, s’avère bien plus lent (résistance au changement) que la rapidité de l’inflation de la communication digitale.
Certaines de ces raisons s’avèrent objectives, d’autres subjectives. Conjoncturelles et structurelles…
La gestion du temps n’est pas seulement individuelle, mais surtout organisationnelle
Ce dernier point mérite de s’y attarder. En effet, la gestion du temps n’est pas seulement un sujet individuel mais surtout organisationnel. C’est-à-dire qu’une mauvaise gestion du temps ne dépend finalement que rarement des collaborateurs (ce qui peut entraîner de la culpabilisation) mais le plus souvent de l’organisation de l’entreprise, de ses choix, de son management supérieur et/ou intermédiaire. Bref, le choix d’une bonne ou mauvaise gestion du temps, en faveur d’une amélioration de la productivité et de l’équilibre de vie, s’avère culturel au sein d’une entreprise. La décision de Thierry Breton [1], à l’époque Président d’ATOS, d’interdire en février 2011 l’usage du courrier électronique en interne -au profit d’un réseau social d’entreprise [2] -afin d’améliorer la productivité de ses collaborateurs, en est un remarquable exemple. Selon Yann Gourvennec [3], la diminution de la quantité de courriels aurait atteint jusqu’à 60 % trois ans après !
La démonstration s’avère simple à faire : alors que ce sujet devrait être primordial et structurant dans toutes les organisations, telles les fondations d’une tour, la plupart des dirigeants négligent cet aspect fondamental en le reléguant à des formations présentielles ou e-learning facultatives et clairsemées. Rares, en effet, sont les collaborateurs à vouloir être pointés du doigt en s’y inscrivant (culpabilisation) ou à vouloir ou pouvoir trouver du temps pour en gagner (« Je n’ai pas le temps d’apprendre à gagner du temps… » !!!).
Pour quelle raison les dirigeants engendrent-ils une situation où, de façon étrange et paradoxale, l’entreprise, centre de profit par essence, est le seul lieu où l’adage « Le temps, c’est de l’argent » ne s’applique pas ou très rarement… ?
Mesurer et monétiser la valeur du temps
Tout simplement parce qu’ils ne mesurent pas, ils ne monétisent pas, la valeur du temps. Faute de volonté ou de méthodologie. Les gains liés à une bonne gestion du temps se révèlent pourtant conséquents. Prenons trois exemples :
1/ Le coût horaire moyen d’un cadre
Le salaire moyen d’un cadre en poste s’établit à 56 000 euros annuels brut, selon l’édition 2018 des salaires dans les fonctions cadres publiée par l’Apec. Soit environ 75 305 € charges sociales patronales incluses. Soit environ (pour obtenir une idée de comparaison) 6 275,42 € par mois. Soit 44,82 € de coût horaire pour l’entreprise sur la base de 35 heures.
2/ Le coût horaire moyen d’un salarié
D’après l’Insee, en France, le salaire mensuel moyen en équivalent temps plein (EQTP) dans le secteur privé et les entreprises publiques est de 3 021 euros brut en 2016 [4]. Soit environ 4 072 € charges sociales patronales incluses, soit 29,10 € de coût horaire pour l’entreprise sur la base de 35 heures.
3/ Le coût horaire moyen d’un salarié basé sur un calcul plus complet
En retenant le calcul par Contribution Horaire à la Valeur Ajoutée sur Coûts variables (CHVACV), plus complet et exhaustif que le seul montant d’un salaire toutes charges comprises [5], le coût moyen en France s’élève à 40 € de l’heure. Soit la valeur horaire créée attendue pour chaque salarié.
Les gains d’une bonne gestion du temps
Quels sont donc les gains relatifs à une bonne gestion du temps ?
Nos retours d’expériences montrent en moyenne, après une formation de seulement 04 heures et 3 sessions de coaching post-formation, un gain d’une heure quotidienne de productivité par collaborateur. Sans parler d’une diminution de moitié du stress, ce qui influe également bénéfiquement, en plus, sur la productivité.
1/ Le gain moyen par cadre formé
44,82 € x 5 x 44 semaines de travail par an (en tenant compte des RTT) = 9 860 € / an / personne formée.
Soit 98 600 € de gain annuel moyen par session de 10 personnes.
2/ Le gain moyen par salarié formé
29,10 € x 5 x 44 semaines de travail par an (en tenant compte des RTT) = 6 402 € / an / personne formée.
Soit 64 020 € de gain annuel moyen par session de 10 personnes.
3/ Le gain moyen par salarié formé, sur la base d’un calcul plus complet
40 € x 5 x 44 semaines de travail par an (en tenant compte des RTT) = 8 800 € / an / personne formée.
Soit 88 000 € de gain annuel moyen par session de 10 personnes.
Évidemment, ces exemples génériques de gains ne s’entendent, comme indiqué précédemment, qu’à l’échelle individuelle. Ils se révèlent exponentiels dès lors que l’entreprise se décide à suivre une démarche de gestion du temps organisationnelle et que celle-ci devient donc culturelle… CQFD.
Ces exemples, ne prennent pas en compte, au demeurant, les retombées indirectes : diminution du stress de moitié, meilleure qualité de vie au travail, meilleures relations de travail, cercle managérial vertueux, Etc. Retombées qui ont été corrélées à la performance économique de l’entreprise par de nombreuses études depuis plus de dix ans.
Elles ne prennent pas non plus en compte des retombées plus directes : amélioration des délais et résultats de projets transverses, de communautés apprenantes, d’actions de conduites du changement [6], Etc. qui aujourd’hui souffrent essentiellement d’un manque de temps des collaborateurs qui en ont la charge. La question suivante mérite d’ailleurs d’être posée : comment peut-on encore lancer de tels projets sans permettre au préalable à leurs parties-prenantes de se dégager du temps pour s’y consacrer ? Ce qu’indiquait, par exemple, Christophe Guerin, DG de Nexans, dans une interview en juin 2018 [7].
En conclusion, et à la mesure de ces gains potentiels importants, il semble légitime de challenger les dirigeants en leur demandant s’ils pensent toujours que la gestion du temps doive rester le parent pauvre de leurs actions de formations ? Et quelle doive rester individuelle et facultative… ?
A l’inverse, les dirigeants vont-ils enfin commencer à opter pour une démarche organisationnelle et obligatoire ?
Au plaisir d’en parler avec vous…
[3] https://visionarymarketing.com/fr/2014/04/infobesite-et-zero-email-atos/
[4] https://www.journaldunet.fr/patrimoine/guide-des-finances-personnelles/1166094-salaire-moyen/
[5] https://www.aestigia.com/conseil/management-eco-collaboratif/
[6] La conduite du changement connait encore des taux d’échec de 50 à 70 % dans les organisations… Quels sont les coûts de ces échecs ? Qui les mesure et comment ?
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